Comment l’anorexie est-elle une défense contre le monde extérieur ?

Le 24/06/2024 0

Dans La minute culture

Tout individu use de mécanismes de défense pour se protéger d’un danger réel ou illusoire. Ce stratagème est, par ailleurs, extrême dans l’anorexie. Dans l’hyper-contrôle et la rigidité cognitive réside tout d’abord l’envie de diminuer son angoisse.

Dans l’isolement social, le patient cherchera à se protéger de la mort, tandis que dans l’hyper individualisation, il veut prouver qu’il est capable de discipline et de réussite. Bien que tous ces symptômes soient admis dans la pathologie anorexique, ils n’en sont pas pour autant compris des personnes non touchées par la maladie. À la volonté initiale de marginalisation, s’ajoute donc l’incompréhension d’autrui, amplifiant de fait les tabous autour des troubles alimentaires.

L’extrême maigreur et le changement d’apparence physique font nécessairement réagir autrui. La stratégie mise en place ne serait ainsi pas un hasard. Elle exclurait tout jugement erroné : l’individu met le monde extérieur en accord avec sa réalité intérieure. En plus d’avoir une emprise sur l’appréciation des autres, le patient anorexique veut pouvoir choisir ses interactions sociales. Le contrôle du corps révèle donc, premièrement, d’une peur du jugement.

À cette crainte s’ajoute également l’affect. De fait, l’anorexie pouvant trouver son origine dans la relation aux autres, ses éléments déclencheurs sont étroitement liés aux émotions ressenties à leur égard. Une critique sur l’aspect corporel peut par exemple générer un sentiment négatif, qui sera rappelé lorsque l’individu fera de nouveau face à une situation similaire. L’affect amplifie de cette manière le malaise du patient lorsqu’il est compagnie d’autres personnes, ce qui peut par ailleurs créer une nouvelle appréhension : un sentiment d’infériorité envers autrui. Ces peurs du jugement et de l’infériorité étant si intenses, l’individu emprunte volontairement la voie de l’isolement social. Néanmoins, cette marginalisation s’oppose à la position de victime que peut inconsciemment adopter le patient, du fait de son aspect physique “fragile”.

L’individu a besoin que l’Autre comble son manque affectif, mais ressent également le besoin vital d’isolement. Cette ambivalence rappelle une nouvelle fois un mécanisme du stade oral : le clivage. Il y aurait en somme une régression au premier stade du développement libidinal.

Les dynamiques sociales et relationnelles montrent bien qu’il existe un lien étroit entre l’anorexie et le contexte social. À l’heure où la société, la culture, parfois même la famille, évalue, juge et compare, il est difficile de garder confiance en soi. Tout dépend de la capacité d’un individu à voir sa propre personne sûre d’elle et avec une bonne estime.

Seule la psychothérapie pourrait aider à réorganiser la vie sociale du patient, en limitant l’effet des rituels et en permettant indirectement une rémission plus durable. Bien que la volonté du patient soit indispensable, l’efficacité du thérapeute face à cette problématique est toute aussi importante. Sa formation est le ciment de sa pratique. C’est pourquoi l’EFPP s’efforce de proposer des enseignements de qualité, grâce à l’implication de professionnels de santé connus et reconnus.

Sources : (Di Lodovico et al., 2020 ; Dumonceau and Van Alphen, 2019 ; Martel, 2007 ; Merand and Lemoine, 2021 ; Thiebaut et al., 2021 ; Tousseul, 2020), https://efpp.blog/comment-lanorexie-est-elle-une-defense-contre-le-monde-exterieur/ .

 

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